5 Mai
GUILLAUME D'ABOVILLE - EPISODE 1
GUILLAUME D’ABOVILLE – EPISODE 1

Le déclic

Depuis longtemps, ma carrière était toute tracée. Ma vie même, écrite d’avance. Sans surprise, sans place pour l’inconnu. Pré-emballée.

Mon diplôme de l’Université Paris Dauphine en poche, je rejoins Danone en tant que chef de produit, comme une évidence. J’arpente 26 pays par an pour brasser, digérer puis restituer une multitude de données de marché. Là encore, peu de place pour l’inconnu : la moindre habitude des consommateurs est scannée, leurs attentes cartographiées, chiffrées, séquencées.

Mes analyses et les décisions qui en découlent sont ensuite transmises à la R&D, pour créer la pierre philosophale alimentaire permettant de transformer les désirs des consommateurs en actes d’achat. Très vite, je m’aperçois que les scientifiques et les « marketeux » ne parlent pas le même langage. Par souci de bilinguisme autant que par curiosité, je décide de passer un master d’arômes et ingrédients.

Ma carrière se déroule ensuite dans une société de distribution agroalimentaire et dans un cabinet de conseil en stratégie. J’ai la chance de travailler pour des patrons qui reversent 10 % de leur revenus (ce qui est énorme dans la Distribution, où les marges sont très faibles!) à des œuvres caritatives. Premier déclic. Premières questions. Je cherche les réponses en démissionnant pour marcher seul vers Compostelle… Première réponse : désormais, mon travail doit servir aux plus pauvres ! Sur les chemins de Saint Jacques, j’ai trouvé un sens à ma carrière.

De retour au travail, je livre à un ex associé le fruit de ma réflexion. Hasard ? Il me raconte son dîner, quelques jours plus tôt, avec le directeur général de l’ONG Enfants du Mékong, qui en a « marre de cette génération qui ne veut pas servir les pauvres ». Une rencontre est vite organisée, même si mon projet est tout autre : je veux reprendre une entreprise de réinsertion d’anciens prisonniers. Trois fois de suite, je refuse l’offre d’Enfants du Mékong. Le poste me fait peur : gérer un budget communication de 9 millions d’€ et une équipe de 10 personnes. C’est mon épouse qui me convaincra de faire ce saut dans le vide. Je démarre donc un job que j’ai l’impression de ne pas avoir choisi… Tout m’est inconnu : pas de données de marché… pas de chiffre d’affaire ! Pas de quantitatif, uniquement du qualitatif !

Mon premier comité de direction est lunaire.

– Quel est l’objectif de l’ONG à 5 ans ?

– Réponse : « l’enfant pauvre ».

Trois fois la même question. Trois fois la même réponse. Le ton est donné. Je m’accroche. Au bout de 2 ans comme Directeur de la Communication, je suis nommé DG, puis DGA au bout de 4 ans. J’ai compris. Ma priorité ? L’enfant pauvre.

 

Guillaume d’Aboville – Ambassadeur de notre modèle Chapter 1

Cause soutenue : ONG Enfants du Mekong