28 Mai
TROUPES DE MONTAGNE - EPISODE 1
TROUPES DE MONTAGNE – EPISODE 1

Nicolas est devant la paroi. 

L’adjudant des commandos montagne, tablette et chrono en main le regarde sans un mot. Un peu comme ces bouquetins mâles qui de leur promontoire rocheux toisent grimpeurs et randonneurs qui osent s’aventurer dans leur domaine.

Le granit est franc. Un peu humide. Et la voie ne semble pas si difficile. Mais Nicolas est fatigué.

C’est déjà le 3ème jour de la semaine de tests de sélection pour (espérer !) intégrer les commandos montagne de son unité, le 13ème bataillon de chasseurs alpins. Pour intégrer l’ élite.

 

Depuis le début des tests il n’a dormi que 3h d’affilée. Le reste du temps, il a somnolé pour récupérer entre 2 épreuves.

Il s’est un peu « planté » dans la marche topo de la première nuit : mauvaise mémorisation du parcours, en partie en forêt, qu’il a fallu réaliser sans carte et… « évidemment sans l’aide du smartphone ! ».

Marche course de 8km chrono, tractions, squats, grimper de corde, pompes, abdos : ça c’était pour pour faire un 1er tri ….Puis épreuves de tir au fusil d’assaut et à l’arme de poing : concilier rapidité et précision ; questionnaire de culture générale, parcours d’obstacles, test d’agressivité (« 2 ans de Krav maga, ça devrait aller »), parcours d’infiltration avec sac lourd et une nouvelle marche d’orientation de nuit, à la balise cette fois-ci.

 

Ce matin tôt, pour rejoindre la paroi, Nico et la poignée des candidats-commandos encore en lice ont avalé 1000m de dénivelé positif (« trainez pas les gars ! C’est chrono ! ») à skis de rando, avec sac, gilet de combat et leur arme.

A peine descendus, mauvaise surprise : il a fallu rechausser les skis et monter à nouveau les 1000m. A nouveau en moins de 2h. Et redescendre sur une neige de printemps verglacée, de l’acide lactique plein les cuisses.

Toujours sous le regard d’un commando. A l’affût de la moindre « fracture de moral »…

 

Si on avait dit à Nicolas que, un jour, il donnerait tout pour porter le badge des commandos montagne ! Lui le Bourguignon dont l’expérience de la montagne se limitait aux randonnées estivales avec sa mère et ses 2 sœurs dans le Mercantour, le Vercors et les week ends snowboard-caïpirinha avec les copains de la fac. Qu’il avait quittée sans regret pour s’engager au bataillon de Chambéry, il y a 3 ans, à 20 ans. Pourquoi les Troupes de montagne ? Pour le mythe, sans doute. Pour se tester, surement. Et les commandos montagne ? C’est le graal. Exigence physique et psychologique. Missions complexes et forcément passionnantes. Du Groenland au Sahel. « Et puis les « GCM » ils sont bronzés toute l’année ! »

 

Mais d’abord, oublier la fatigue et grimper cette paroi. Puis montrer son aisance dans l’équipement de passage qui suit. Sorte de via ferrata de fortune, faite de sangles, de cordes, d’échelles spéléo…que les GCM doivent savoir installer sur un passage montagneux difficile pour en permettre le franchissement par une troupe de chasseurs alpins « classiques » chargée, moins expérimentée et …de nuit. 

 

Nicolas place ses 2 mains sur le granit. Sa chaussure de montagne cherche une excroissance dans le granit. 

Il se tourne vers Max, son camarade qui l’assure.

 

– « Assureur…..prêt ? »

– « Quand tu veux, Nico »

– « Parti ! »

 

L’adjudant-bouquetin esquisse un léger sourire et déclenche son chrono. Ce Nicolas c’est un bon. Il le sent. Il  le veut dans son commando.

 

Troupes de montagne – Ambassadeurs de notre modèle Chapter 2

Cause soutenue – Entraide Montagne