1ère mission sur le terrain
Novembre 2011, bidonville de Navotas, Manille, Philippines.
En guise de baptême du feu, me voici dans une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde. Des bateaux-poubelles déversent les ordures de Manille, créant sur la mer une immense avancée flottante de déchets.
Environ un million de personnes vivent ici. Insoutenable. Mes 5 sens d’occidental raffiné sont violemment pris à partie : l’odeur est acide, le toucher ignoble (on marche sur un terrain meuble et visqueux), le goût agressé par des vapeurs toxiques. L’ouïe est alternativement assaillie par les hurlements des chiffonniers (rien n’est organisé) et angoissée par le silence de silhouettes alcoolisées.
Les coqs de combats, promesses hasardeuses de revenus, ont droit à des médicaments. Pas les enfants.
L’un d’entre eux, torse-nu dans son short trop grand et maculé de charbon de bois, m’approche, le regard fier. J’engage la conversation :
« – Comment t’appelles-tu ? Quel âge as-tu ?
– Je ne suis pas plus malheureux que toi ! »
Il vient de m’apprendre ce que tout personnel humanitaire doit savoir : il faut aimer avant d’aider. Je m’explique : lorsqu’on vit dans une décharge, on se se considère comme un déchet. C’est l’image de soi que renvoie le cadre de vie, mais aussi le regard du visiteur. La première chose à dire à un gamin de bidonville, avant même de lui parler de scolarité ? Tu as du prix à mes yeux.
Parrainer un enfant, ce n’est pas lui payer sa scolarité. C’est l’aimer. Des histoires comme celles-là, chez Enfants du Mékong, on en vit tous les jours.
Guillaume d’Aboville – Ambassadeur de notre modèle Chapter 1
Cause soutenue : ONG Enfants du Mekong